La série « Garden of Memory : Animals and Plants » a été conçue entre 2008 et 2014. Construite comme une arche de Noé visuelle, cette série de portraits d’animaux empaillés et d’espèces végétales sous serre est un testament photographique pour les générations futures dont la mémoire de la faune et de la flore planétaire sera certainement limitée aux spécimens conservés dans les musées, tel le Natural History Museum à New York. Takeshi Shikama a réalisé une trentaine de photographies des espèces animales prélevées à travers le monde et mises en scène dans les dioramas du célèbre musée américain. Peintures en trompe l’œil, décors végétaux naturels ou artificiels recréent les habitats des grands fauves, ours, cerfs, singes, oiseaux et autres créatures, que seuls les grands explorateurs peuvent apercevoir en liberté. En variant les angles de prise de vues, en resserrant le cadre sur les scénographies, le photographe brouille les pistes, entre réel et fiction.
Pour la série des plantes, Takeshi Shikama a opéré comme un botaniste qui prélève des échantillons végétaux pour constituer un herbier. Parcourant les serres et les jardins du Japon, des États-Unis et d’Europe, le photographe a immortalisé une trentaine d’espèces. Des plantes grasses, habituées à la sécheresse, aux plantes tropicales, avides de climats humides, Takeshi Shikama a privilégié la singularité formelle de chaque plante pour obtenir un large éventail de styles et de matières. Travaillant l’ombre et la lumière comme un peintre, il saisit les courbes sensuelles, les racines tentaculaires et les replis obscurs de chaque spécimen, cherchant à en dévoiler le mystère, à percer le secret de vie contenu dans leur sève.