Mathilde de l’Ecotais (née en 1970) est une autodidacte. Photographe professionnelle dès l’âge de 19 ans, elle réalise divers reportages pour la presse en France et à l’étranger avant de s’intéresser aux livres de cuisine. Elle publie plusieurs ouvrages sur différents chefs étoilés, jusqu’à sa rencontre avec Thierry Marx en 2005. Dès lors, elle « change de planète », et la cuisine devient un prétexte pour atteindre une autre forme de photographie.
Ce qui semblait être au départ une simple image dite « culinaire » devient un paysage irréel où la beauté des matières est transcendée. Ce qui l’intéresse, c’est la nature elle-même, qu’elle sent attaquée de toutes parts et qu’elle souhaite préserver. En s’attachant à détailler toute la complexité qui compose chaque forme organique, en détournant les aliments, elle souligne à la
fois la force et la fragilité de la terre… et nous exhorte ainsi à en prendre .
Mathilde de l’Ecotais investit aujourd’hui deux techniques photographiques anciennes. Le photogramme, une photographie réalisée sans négatif, et le cyanotype, une image photographique réalisée à partir d’une solution au cyanure enduite au pinceau sur le papier.
Attirée par la beauté du bleu de Prusse caractéristique
du cyanotype autant que par la magie de l’empreinte du photogramme, Mathilde de l’Ecotais s’est « mise en cuisine », renouant ainsi avec la pratique expérimentale des inventeurs de la photographie. Son objectif : retrouver une certaine tradition – tant technique que gustative – en l’incorporant à la modernité : celle de l’image numérique, mise au service des préoccupations de notre époque. Où sont passées les bonnes tomates d’antan ? Dans le cyanure… Nos sardines fraîches ? Noyées dans la chimie des eaux polluées… Le caractère précieux de ces tirages uniques nous rappelle que notre planète est fragile, et qu’il faut en prendre soin, car elle nous nourrit.