Le travail de Martine Aballéa donne vie à des lieux imaginaires, des intrigues mystérieuses, créant ainsi des récits proches des contes. Il s’articule finement entre textes et images photographiques, reprises et retouchées, colorisées sans naturalisme. Par ces seuls biais, ses productions proposent un grand voyage de l’esprit : Martine Aballéa emmène les spectatrices et spectateurs de son oeuvre dans une promenade mentale, dans un rêve éveillé. Son travail est traversé par l’image de la nature et des décors : ces derniers habitent ses photographies, rehaussés de ponctuations colorées, donnant naissance à une surréalité onirique.
Dès ses premières pratiques, son sujet de prédilection est celui de la création d’établissements imaginaires, comme l’Hôtel Passager, qui s’incarne véritablement et physiquement au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1999. Elle s’est distinguée par ses installations telles que La maison d’en dessous au Narcissio à Nice en 2016. Un nouveau récit s’est construit en 2017 au Musée des amours, dans une scénographie pour le festival EXTRA ! au Centre Georges-Pompidou, grâce à une série de photographies et une édition.
Pour PhotoSaintGermain, en intervenant dans la Maison Auguste Comte, Martine Aballéa va entrer en dialogue avec la figure du grand philosophe et toute la vie sociale, intellectuelle et amoureuse dont son appartement fut le témoin.
Avec l’installation Le jardin d’Auguste Comte, elle intervient aux limites de l’espace de l’appartement, à la lisière du monde extérieur, en plaçant devant les fenêtres des voilages sur lesquels apparaît de manière diaphane l’image recolorisée d’un jardin. L’inversion des valeurs d’une image photographique fait basculer la perception dans un autre monde. Ces rideaux photographiques transforment la perception de l’espace extérieur à la maison, en superposant sur le paysage urbain une évocation du monde naturel. Martine Aballéa aborde ici la conception de la Nature dans la pensée du philosophe, mais aussi son intérêt pour l’astronomie, par l’évocation des cieux. Images de rêveries éveillées, placées en écran devant le monde réel, elles produisent une forme d’hétérotopie, un espace autre, en invitant à la rêverie. Auguste Comte écrivait face à un miroir. À cette dimension implacable du reflet, elle propose l’échappée vers un jardin mental : celui, imaginaire, du penseur, dans les interstices de son travail intellectuel. Une échappée du quotidien, un rêve éveillé.
Maison Auguste Comte
Dernier domicile du philosophe, fondateur du « positivisme », la Maison d’Auguste Comte est à la fois un appartement-musée et un centre d’archives-bibliothèque autour du philosophe et de la pensée dix-neuvièmiste.