Après la chute de l’Union soviétique, il devient nécessaire pour l’Ukraine fraîchement indépendante
de remplacer les anciens passeports soviétiques avec de nouveaux, ukrainiens, dans les délais les plus brefs possibles. Tous les Ukrainiens doivent alors se procurer un nouveau passeport dans l’année. En 1994, les services sociaux de Lugansk, une ville du sud-est de l’Ukraine, recrutent des photographes afin de réaliser le portrait des citoyens âgés ou malades, dans l’incapacité de payer leurs photos.
L’ukrainien Alexander Chekmenev est alors missionné pour faire du porte à porte durant cette campagne de nationalisation du passeport. Il accompagne ainsi le personnel des services sociaux, chargé de procurer médicaments et provisions à ces personnes isolées. Un travail poignant sur l’Ukraine rurale et le quotidien de marginaux, réminiscence de Mikhaïlov dans son approche documentaire.
"Lorsque j’ai vu la manière dont les gens vivaient les dernières années de leur vie, ça a fait une forte impression sur moi. Je me souviens d’une femme aveugle. Je ne savais pas qu’elle était aveugle, et je lui demandais donc de regarder l’objectif, mais elle me dit qu’elle ne pouvait pas voir. Je m’interrogeais alors sur la nécessité pour une personne aveugle de posséder un passeport. Il ne lui restait pas longtemps à vivre, dans tous les cas."
Alexander Chekmenev
En écho à cette exposition, la Galerie Folia présentera à l'étage la série « Tools of resistance » du photographe ukrainien Sasha Kurmatz.