Installé à Berlin depuis le début des années 1990, Miguel Rothschild développe une œuvre composite mêlant installation, sculpture, verre, matière organique et photographie. Si au début de sa pratique, la performance tient une place importante, il s’en éloigne au fil des années, pour aborder d’autres supports comme la photographie n’hésitant pas à la brûler ou à la trouer.
À la Maison de l’Amérique latine, il déploie son installation chorale « Grosse Spectre » composée de six tirages photographiques. Celle-ci décrit l’évolution d’un nuage de fumée grandissant, produit par un feu de forêt qui enveloppe la nature dans son néant blanc, de photographie en photographie, le cachant jusqu’à ce que plus rien ne soit visible. Le format des photographies exposées varie selon le développement du nuage de fumée. Miguel Rothschild compose ainsi une variation subtile de ce qui est détruit et ce qui est destructeur. Son souhait ne réside pas dans l’évocation d’une nature intacte et florissante. Au contraire, il s’intéresse à ce moment du hasard où quelque chose se produit qui peut tout renverser, tout détruire. Dans le même temps, il répète ce que les photographies illustrent : il réalise donc uniquement des trous dans les endroits des photographies où le paysage apparaîtrait, exprimant ainsi une réalité perceptible du feu de forêt. Par cette action, il permet au spectateur de participer et de ressentir le danger à venir.
Il distille ici un sentiment confus de mystère et de menace. En brûlant le papier, l’artiste abandonne également le rapport traditionnel à la bi-dimension. Le papier, criblé de trous, s’étend vers l’extérieur et offre une autre perception, vers une ouverture, une incertitude.
En écho à cette présentation, Miguel Rothschild conçoit une vitrine d’où s’élève un panache blanc de fumée. Une métaphore de l’esprit des forêts. Rampant le long de la surface transparente comme s’il cherchait à la percer et à la saisir, à la recherche d’une possible évasion. Peu importe ses essais, l’esprit reste coincé entre les vitres. À la manière d’une image en mouvement, il fonctionne à la fois comme une extension spatiale et tactile des photographies dans la salle. Au croisement de plusieurs pratiques et techniques, Miguel Rothschild évoque l’esprit des forêts dans sa dimension spirituelle et poétique à la manière des croyances chamaniques où chaque élément naturel possède une âme.
Maison de l’Amérique latine
La Maison de l’Amérique latine est un lieu privilégié d’accueil, de réunions et d’expositions de la communauté culturelle et diplomatique latino- américaine à Paris.
Elle se veut un carrefour de cultures, un lieu de rencontres et d’échanges, où se côtoient toutes les formes d’expression artistique.