« Mobilis in mobile », mobile dans l’élément mobile. Ainsi
vont Charlotte Bovy, Amélie Chassary, Thomas Dhellemmes, Maxime Fardeau, François Kenesi et Alice Quaresma.
Pareilles au Nautilus, le sous‑marin de Jules Verne, leurs images de passage transportent vers un ailleurs rêvé. Un charme discret y opère : la mélodie du souvenir, allègre et lancinante. Un calme tendre aussi. À pas feutrés, elles avancent vers l’horizon où se perdra bientôt la trace qu’elles se hâtent de garder. Cadaqués, Hiroshima, Bourgogne, Loiret, Portugal, Japon… Au fond, la destination importe peu. Ce qui compte en revanche, c’est l’exil physique et cérébral au cours duquel chacune étend le domaine du connu. Certaines avec couleur, toutes sans effet, elles traversent une suite de paysages intermédiaires, occupant l’entre‑deux qui sépare la poésie du document, le vrai du faux, le proche du lointain, comme
la vague va et vient. Leurs motifs sont divers ‑ une tour de refroidissement, les feuilles d’automne, un baigneur esseulé, des pins centenaires, la baie de Rio, un escalier fleuri. Et leurs histoires naturelles font l’éloge du peu. Ces fragments enchâssés dans le flux du réel dessinent au mur et en pensée un atlas familier. Partout, la manière est candide : coupé, copié, collé, peint, le papier imprimé, sensible aux variations de climat, prend des formes joueuses où le geste se voit. Lui aussi part à la dérive, ajoutant en surface une couche de vécu. L’air de rien, ces carnets de voyage enchantent et remuent.
Virginie Huet
Fondée en 2015 par Amélie du Chalard, Amelie, Maison d’art bouscule les codes traditionnels du marché, combinant un pilier digital et des espaces physiques aménagés dédiés aux artistes contemporains qu’elle représente et accompagne. Développant son univers et un écosystème qui lui est propre en présentant différents mediums : peinture, œuvre sur papier, photographie, céramique, etc., la galerie fait émerger une nouvelle génération d’artistes à travers une autre expérience de l’art.